Votre Ecrivain Public

Muryel Bonaldi



Résumé du livre "La Légende devient Réalité"

 

 

 

Cette nouvelle policière, a été réalisée avec le concours des enfants d’une classe de  CM2 et de leur maîtresse. Il s’agit d’une histoire s’appuyant sur la réalité en y intégrant une légende historique.

 

Les faits se passent à Montreuil, lors d’une sortie pédagogique à l’Eglise St Pierre St Paul. Deux enfants de la classe disparaissent lors de la visite de l’Edifice. Une enquête est ouverte par la police et parallèlement les enfants solidaires les uns des autres décident de mettre tout en œuvre pour comprendre ce qu’il s’est passé. Les enfants ne croient pas à un enlèvement. Ils décident donc de mener cette enquête en se référant essentiellement à leur connaissance des lieux et à ce qu’ils ont pu en entendre. Très vite des indices les confortent dans l’idée que la légende d’un passage souterrain entre l’Eglise St Pierre St Paul et le château de Vincennes ne serait pas une légende. En effet les circonstances leur donnent raison et les deux enfants disparus dans le souterrain vont vivre une rencontre assez surprenante. Ils sortiront indemnes de ce souterrain, mais leur histoire ne pourra pas être crue par les adultes et encore moins par la police, car le passage du souterrain a été scellé derrière eux ; la police ne pourra donc pas vérifier leurs dires.

Où commence la légende ? Où s’arrête la réalité ? Toujours est-il que les adultes auront du mal à comprendre la vérité des enfants.

 

Cette histoire a été réalisée dans son essence, son articulation et sa rédaction par un écrivain, mais la plupart des idées, des descriptions et des péripéties ont été imaginés par les enfants.

 



Voici le livre : 



Muryel BONALDI

 

 

 

 

 

 


LA CLASSE DES TRENTE

 

 

 

 

NOUVELLE POLICIERE


 


Ce livre a été conçu avec la participation de Madame Christel NEVEU, Institutrice et de sa classe de CM2.

 

 

La Classe de CM2

 

Amandine Mazuy

Aude Peyssou

Aurore Berthault

Bastienne Pillon

Charly Arab

Dominique Labit

Elias Gasse

Emeline Pillon

Frédéric Henry

Guillaume Rivière

Jeoffrey Rougerie

Jérémy Fréchou

Jérémy Rousset

Jérôme Bonaldi

Jürgen Lebon

Laura Neureuter

Linda Lao

Margaux Boyer

Mehdi Boubenia

Mélusine Pagnier
Mickael Bomal

Naomie Robert

Nicolas Driss

Nicolas Lesné

Thomas Busnel

Valentine Fayad

Vincent Braga

Virginie Pinsault

Yaniz Rabadan

Yassine Zrilli



 

A Corinne, la Maman de Guillaume qui nous a quittés trop tôt pour découvrir ce livre.


 

PREFACE

 

 

Cette nouvelle aurait pu commencer par : Il était une fois….

 

Les enfant de la classe de CM2 en ont décidé autrement, ils ont imaginé une histoire qu’ils auraient pu réellement vivre.

 

Ils se sont tous, sans exception, impliqués dans ce livre avec un grand souci d’authenticité, de passion et beaucoup d’assurance.

 

Madame NEVEU Christel, institutrice, à l’origine de ce projet, a misé sur la capacité imaginaire des enfants dans un soucis pédagogique de création.

 

Madame NEVEU Christel, Madame BONALDI Muryel et les élèves de CM2 vous invitent à entrer avec eux dans leur voyage à la limite de l’imaginaire.

 




UNE CLASSE D’ENFER   11

LA VISITE   17

MYSTERIEUSE DISPARITION   21

AIDONS NOS COPAINS   25

LES CM2 ENQUETENT   29

DANS LE SOUTERRAIN   33

ETRANGE RENCONTRE   39

LE GANT   45

LE MONSTRE   51

LA DALLE   55

2 + 2 = 4  59

OU EST LA SORTIE ?   63

DANS LA STATION DE METRO   69

A L’AIR LIBRE   77

RETROUVAILLES   81

 

 


Les bénéfices de la vente de ce livre ont été versés au Téléthon





 

 

UNE CLASSE D’ENFER

 

 

Notre classe de CM2 de l’école Fidélis est située à Montreuil en Seine Saint-Denis.

Nous nous connaissons tous, pour la plupart, depuis la maternelle ce qui a créé des liens d’amitié et de complicité.

Nous n’aurions jamais pu imaginer que ces liens nous serviraient à faire face à une situation des plus extraordinaires.

En effet, lors d’une sortie pédagogique de la classe, deux d’entre nous vont disparaître. C’est là que tout va commencer pour nous.

 

Le 20 janvier 2003 devait être un lundi comme les autres pour la classe de CM2 de l’Ecole Fidélis. Il est 8H30, tous les parents se pressent pour accompagner leurs enfants. La cour de récréation est animée quand la sonnerie retentit. Les rangs se forment pour entrer en classe.

 

Christel nous attend, avec un sourire affectueux affiché sur son visage rond, ses cheveux bouclés légèrement en désordre, sa tête inclinée sur le côté, comme si elle allait prendre l’un d’entre nous dans ses bras. Elle nous invite à entrer dans la classe  en nous souhaitant le bonjour. Ses lunettes et sa façon d’imposer le silence nous rappellent à l’ordre : eh, oui, c’est la maîtresse !!

 

La matinée se déroule normalement, mais nous attendons avec impatience l’après-midi, car nous allons en sortie. Nous allons visiter l’église St Pierre St Paul à Montreuil.

 

Il faut avouer que ce n’est pas tellement le lieu que nous allons visiter qui nous rend si gais, mais le fait aussi de ne plus avoir classe jusqu’au jeudi matin. Eh oui, demain mardi est une journée pédagogique donc pas d’école. Cela ne veut pas dire que nous n’aimons pas l’école, mais une journée de repos est toujours la bienvenue surtout que Jérémy F organise un goûter chez sa tante ce mardi après-midi et certains d’entre nous sont invités.

 

Nous sommes 30 élèves dans notre classe, nous nous entendons très bien et surtout nous sommes très gais.

Elias, très bon élève, ne rigole pas souvent. Dominique, par contre, rigole beaucoup, fait de l’humour et aime embêter les filles. Nicolas D, toujours heureux,  se tortille dans tous les sens quand il va au tableau. Jeoffrey est reconnaissable à ses tâches de rousseur. Jérémy R se décourage facilement, et lorsqu’il rigole il se laisse tomber sur le dossier de sa chaise. Vincent, souriant, aime le ping pong. Frédéric, le plus petit aime bien se balancer sur sa chaise. Mickael aime bien se prendre pour un singe et raconter des blagues. Thomas, de grande taille, a un petit rictus quand il rit et fait des grimaces quand il s’énerve. Nicolas L aime bien rire et jouer à l’épervier. Charly met la main sur son corps lorsqu’on l’applaudit. Jürgen, est toujours très sérieux en classe, il fait du Basket-ball. Guillaume assez rieur est fou de motos. Mehdi ne porte pas souvent ses lunettes, mais aime parler avec ses voisins. Jérôme aime bien s’amuser en classe et son rire bizarre est vite remarqué par la Maîtresse. Yassine aime rigoler et adore dire « Wazaaaa ». Jérémy F, souvent habillé en blanc et bleu s’amuse à parler du nez pour nous faire rire. Yaniz, très drôle, se présente souvent sous le matricule 001, 002, ou 003. Margaux a du caractère et n’aime pas voir deux personnes se disputer. Linda, timide, plisse le nez quand elle sourit. Laura fronce les sourcils quand elle n’est pas contente, elle a souvent des boucles d’oreilles en forme de chien. Aude, passionnée de souris, aime bien taquiner Thomas. Amandine est timide et reste toujours avec ses copines. Valentine a ses joues qui deviennent rouges quand elle rit. Virginie râle quand on fait du bruit mais est très gentille. Emeline est la meilleure amie de Laura, on dit qu’elle a un amoureux. Mélusine est reconnaissable à son grain de beauté au dessus des lèvres. Bastienne rougit rapidement et ne supporte pas que quelqu’un triche à la récré. Naomie a de longs cheveux dorés et utilise les signes pour parler à sa voisine. Aurore, ne parle pas beaucoup en classe, elle est timide et a une toute petite voix.

 

 Il y a une majorité de bons élèves qui en plus sont sages mais tous ont une caractéristique bien à eux ce qui offre une palette de personnalités.

Ceci dit avec nos différences et nos ressemblances nous sommes une classe d’humeur joyeuse.


 



 

 

 

LA VISITE

 

 

Nous nous retrouvons donc à 13H30 devant l’école prêts pour le départ en sortie. Christel nous accompagne, bien sûr, ainsi que le papa de Yaniz et la maman de Linda. Après que la maîtresse nous ait comptés, nous partons à pieds, en rang deux par deux vers l’Eglise St Pierre St Paul. Le chemin se passe sans encombre.

 

 

Arrivés devant l’édifice, nous nous arrêtons pour écouter les recommandations habituelles de Christel à savoir :

-         ne pas chahuter dans l’église,

-         ne pas crier,

-         ne pas courir, etc.

 

Nous levons les yeux. L’église de style gothique pour partie, est  juchée en haut de quelques marches qu’il faut gravir pour accéder à l’entrée. Elle est le témoin de l’histoire de la ville de Montreuil et sa silhouette massive et rassurante nous invite à entrer.

Nous franchissons la porte principale, surmontée d’une rosace-aveugle, et nous sommes saisis, non seulement par le froid qui règne à l’intérieur, mais aussi par les odeurs de bois et de pierre mêlées, comme une odeur de renfermé. Il fait légèrement sombre, malgré l’éclairage. Nous avançons vers une allée à droite,  Christel commence à nous conter certains évènements historiques qui se sont déroulés dans cet église il y a plusieurs siècles :

 

  - …Sous le règne du roi Philippe 1er , Montreuil est un village important dont la principale activité est la vigne. A partir du XIIème siècle, Montreuil, devient un lieu très fréquenté. Les rois de France s’y rendent fréquemment car leur château de Vincennes dépend de la paroisse de Montreuil…

 

Les sages de la classe, comme d’habitude, écoutent religieusement la maîtresse pendant que les autres commencent à chahuter le plus discrètement possible pour ne pas se faire prendre.

 

Jérôme éclate de rire car Jérémy F lui raconte une histoire en parlant du nez et Yassine clôture le tout en s’exclamant : « wazaaaa ». Margaux ne peut s’empêcher d’intervenir pour les faire taire. Thomas se retourne et demande ce qu’il se passe, mais Aude l’interrompt en lui disant : « laisse tomber Thomas, rendors-toi !! »

 

Pendant ce temps Christel continue de narrer l’histoire et la beauté de l’église St Pierre St Paul, et nous la suivons dans l’ allée en traînant un peu les pieds .



MYSTERIEUSE DISPARITION

 

 

Tout à coup des chuchotements se font entendre crescendo dans l’église jusqu’à devenir un brouhaha. Christel se fâche :

  - que se passe-t-il ?  demande-t-elle avec autorité.

 

Une voix se fait le porte parole et annonce :

 « nous avons perdu Yaniz et Linda ».

 

 L’annonce de cette disparition faite à haute voix fait place à un silence pesant et angoissant.

 Le père de Yaniz et la mère de Linda n’en croyant pas leurs oreilles décident de fouiller l’église de fond en comble, pensant que les enfants se sont cachés. Après avoir regardé dans tous les recoins, notamment là où nous sommes passés, ils décident de refaire le trajet en sens inverse jusqu’à l’entrée de l’église, pendant que Christel , essayant de nous rassurer et l’estomac noué,  interroge chacun d’entre nous.

 

Christel nous demande ensuite de nous regrouper et de nous asseoir sur les bancs.

 

Après avoir fouillé l’église, les parents de Yaniz et Linda reviennent livides en nous regardant avec des yeux interrogateurs. Hélas, personne n’y comprend rien. Les adultes se posent des questions, quant à nous, la frayeur et l’incompréhension s’installent.

  - ils ont peut être été aspirés par le vortex et sont partis sur une autre planète, dit Dominique,

  - c’est pas le moment de rigoler, dit Laura en colère.

 

Christel, après avoir longuement discuté avec les parents de Yaniz et de Linda, nous demande de nous lever et de nous mettre en rang, en silence, pour rentrer à l’école. Elle nous informe que la police a été prévenue. Quant à nous, il faut retourner à Fidélis.

 

Sur le chemin du retour, notre inquiétude pour nos deux camarades se fait plus forte et nous décidons de ne pas rester sans rien faire.






AIDONS NOS COPAINS

 

 

Arrivés à l’école, Christel nous confie à Djamila dans la cour de récréation car elle doit rendre compte des événements à la Directrice.

Nous nous rassemblons par petits groupes d’affinités pour parler de ce qu’il vient d’arriver sans pour autant comprendre.

 

  - tu penses qu’ils ont été enlevés ?  dit Emeline à sa meilleure copine Laura,

  - j’en sais rien mais j’aime pas ça, lui répond Laura avec un petit tremblement dans la voix.

 

 Aucun d’entre nous ne s’est aperçu de rien. Nous décidons de faire quelque chose, mais quoi ?.

A ce moment là, les trois sages : Amandine, Jürgen et Naomie s’avancent vers un des groupes pour partager leurs réflexions.

 

  - vous savez, quand on a fait l’exposé sur l’église,  dit Naomie, la maîtresse a parlé d’un souterrain entre l’église ST Pierre St Paul et le Château de Vincennes. 

   - J’ai jamais entendu parler de ça, dit Jérôme,  je devais dormir. 

  -  Normal, moi non plus , dit Dominique,

  - Moi, j’ai entendu, intervient Aude, mais elle a dit que c’était une légende,

  - Alors, si c’est une légende, cela n’existe pas ! s’exclame Frédéric.

  - Et si ce n’était pas une légende ? intervient Amandine,

  - Amandine a raison, dit Jürgen, la maîtresse peut se tromper comme tout le monde.

 

Tout à coup nous prenons conscience que si ce n’est pas une légende il faut tout faire pour le prouver, c’est-à-dire, trouver l’entrée de ce souterrain puis en parler à la maîtresse. Mais va-t-on nous croire ? Certains que la réponse sera négative, nous décidons d’agir à notre façon.

 

Tout d’abord nous décidons de nous renseigner sur cette fameuse légende par tous les moyens : livres, Internet,  à la mairie, à l’église, etc. Mais comment va-t-on faire ?

Vincent a une idée :

  - demain il n’y a pas classe, d’accord !!, dit-il, on se répartit les choses à faire et on se retrouve chez la tante de Jérémy F pour le goûter.

  - C’est bien, dit Amandine, mais moi je ne suis pas invitée, ni Naomie.

  - Tous ceux qui veulent venir sont invités, même les filles, intervient Jérémy F se sentant investi par une mission, c’est un cas d’urgence, on doit  trouver une solution tous ensemble.






 

LES CM2 ENQUETENT

 

 

Tout naturellement les rôles se distribuent pour la matinée du lendemain.

Virginie, Laura, Jérôme, Jérémy R, Dominique et Aude feront des recherches sur Internet concernant ce souterrain.

Thomas, Mickael et Mélusine iront à la Mairie de Montreuil prendre le maximum de documentation sur l’église.

Frédéric, Jeoffrey, Emeline et Bastienne (nos deux jumelles) et Yassine armés d’un appareil photographique Polaroïd retourneront à l’église prendre des photos.

  - hé, les gars, il va y avoir un problème pour les photos, dit Charly,

  - pourquoi tu dis cela, s’étonne valentine,

  - vous ne regardez pas les policiers à la télé ? s’étonne Charly,

  - bien sûr que si, mais je vois pas le rapport, intervient Mehdi,

  - comme les flics ont été prévenus, explique Charly, ils ont dû encercler l’église pour la fouiller et interdire aux gens d’approcher,

  - il a raison, dit Mickael,  alors qu’est-ce qu’on fait ? 

  - Laura, tu habites à coté de l’église, dit Aurore,  peut-être qu’il y a une entrée discrète ? 

  - Oui, oui, je sais par où on va entrer, personne ne nous verra, confirme Laura.

  - bon, le problème est résolu, dit Nicolas L.

 

Il est donc décidé, après avoir exécuté les missions attribuées à chacun, que tous ceux qui le peuvent,  se retrouveront chez la tante de Jérémy F pour quinze heures.

 

Le lendemain matin, Virginie, Laura, Jérôme, Jérémy R, Dominique et Aude se téléphonent les uns après les autres très déçus de ne rien trouver sur l’existence d’un souterrain entre l’église de Montreuil et le Château de Vincennes.

 Quant  à Thomas, Mickael et Mélusine ils sont contents car le service des archives de la Mairie leur a donné beaucoup de documents.

 Il est évident, pensent-ils que dans tout cela ils vont trouver l’explication. Confiants, ils attendent l’après-midi pour répartir la lecture des informations recueillies.

L’équipe des photographes est satisfaite aussi, car ils ont mitraillé l’église sous tous les angles extérieurs et intérieurs : résultat : une quarantaine de photos à examiner.



 

 



DANS LE SOUTERRAIN

 

 

Yaniz et Linda ne comprennent pas ce qui leur arrive. En effet, ils s’étaient simplement écartés du groupe en se plaquant contre un renfoncement du mur,  pour faire peur aux suivants.

 Quand, sans avoir le temps de dire ouf ! ils se sont sentis projetés en arrière. Après un roulé-boulé ils se retrouvent assis par terre dans un endroit sombre et poussiéreux. Il fait humide et ça sent mauvais. Légèrement étourdi, Yaniz est le premier à reprendre ses esprits mais sentant une masse à côté de lui, il prend peur :

  - qu’est ce que c’est ? qui est là ? crie-t-il,

  - c’est moi, dit la petite voix de Linda, j’ai peur,

  - Ah ! c’est toi, dit Yaniz reprenant aussitôt ses esprits car il n’était plus seul.

  - qu’est ce qui s’est passé, où sont les autres, où est ma maman, implore Linda,

  - Qu’est ce que j’en sais moi, dit Yaniz, je suis comme toi, j’en sais rien. Tout ce que je sais c’est qu’il faut sortir de là.

 

Tous les deux, rassemblant leur courage et surtout leurs forces, se mettent à crier « au secours, au secours, on est là ! »,  et à tambouriner contre la paroi de pierre derrière laquelle ils se sont retrouvés.

 

Ils ont mal aux mains, ils crient si fort qu’ils s’épuisent très vite.

Hélas ! Personne ne leur répond.

Recroquevillés l’un contre l’autre,  ils essaient de se réconforter sans y croire. Les larmes aux bords des yeux, ils ont peur.

 

 

Vont-ils retrouver leurs copains de classe ?

Vont-ils revoir leurs parents ?

Autant de questions qui, pour l’instant, restent sans réponse.

 

Se donnant du courage, en se prenant la main, ils avancent très lentement, pas à pas, se tenant à la paroi car ils ne voient rien. Ils ont l’impression d’avoir beaucoup avancé, mais ils ne voient toujours rien, ils se sentent oppressés, ils n’arrivent plus à avancer.

 

 Ils finissent par s’endormir assis par terre épaule contre épaule. Au bout d’un moment,  Linda se réveille et éclate en sanglots. Yaniz réveillé à son tour a envie lui aussi de pleurer, « non, se dit-il, je suis un mec, je dois assurer et lui montrer que je n’ai pas peur ».

  - allez, lui dit-il en essayant de la rassurer, quelqu’un va arriver et on va nous sauver, t’as pas à avoir peur  je suis là, t’as vu, moi j’ai pas peur !

 

Linda arrête de pleurer mais n’est pas pour autant rassurée.

 

 

 

Brusquement, Yaniz bouscule Linda en criant :

  - c’est quoi, c’est quoi ? hurle-t-il, maman, j’ai peur,

  - arrête de faire l’idiot, qu’est ce qu’il y a ? demande Linda,

  - j’en sais rien, mais j’ai senti quelque chose comme une bête sur ma main, lui dit-il en tremblant et en se secouant dans tous les sens,

  - tiens, je croyais que t’avais pas peur, se moque Linda, c’est juste une bête, tu vas pas en faire un fromage.

 

 Linda propose de reprendre leur avancée dans le noir, elle est sûre qu’il y a quelque chose devant eux, peut-être y-a-t-il une sortie ?




 

 



ETRANGE RENCONTRE

 

 

Ils avancent toujours très doucement en se tenant la main pour avoir moins peur car ils n’y voient rien.  Ils sont obligés par moment de baisser la tête car ils sentent des choses leur frôler les cheveux.

  - tu penses qu’il y a des chauves souris, demande Linda d’un air dégoûté,

  - Je sais pas et je veux pas savoir, répond Yaniz faisant moins le fier.

Ils sentent qu’ils sont entièrement recouverts de toiles d’araignées, ça leur colle sur le visage mais l’envie de se sortir de là les fait continuer.

 

Ils ont l’impression d’avoir marché pendant des heures lorsqu’ils entrevoient une lueur très faible au loin.

  - ça y est, dit Yaniz,  je suis sûr qu’on est tiré d’affaire,

  - pourquoi tu dis cela, s’étonne Linda,

  - regarde, on dirait qu’il y a de la lumière là-bas, dit-il en levant son bras.

Linda est obligée de reconnaître qu’il a raison et reprend courage.

 

Yaniz et Linda, avancent jusqu’à la lumière.

Ils arrivent dans une sorte de salle faiblement éclairée mais qui leur permet de voir devant eux, deux enfants de leur âge qui jouent au ballon.

Le garçon est brun, vêtu d’un jean et d’un gros pull marron, ses chaussures ont l’air usé. La fille est blonde, les cheveux très longs, elle est aussi vêtue d’un jean avec un pull d’un vieux rouge.

Leur arrivée a été entendue, car les deux enfants s’arrêtent de jouer. Ils se retournent brusquement vers Yaniz et Linda qui entrevoient la douceur de leur visage.

  - Eh vous là-bas, avancez qu’on vous voit ?, dit le garçon,

Doucement, Linda et Yaniz avancent, mais n’osent pas parler.

  - je m’appelle Jonathan,  dit le garçon fier de se présenter à de nouveaux amis,

  - moi, je m’appelle Cassis,  intervient la petite fille, et vous ? 

  - moi, c’est Linda et lui c’est Yaniz,  dit Linda rassurée de voir une fille de son âge.

  - qu’est ce que vous faîtes ici ?  demande Jonathan

  - ben, figures-toi qu’on en sais rien,  répond Yaniz, on voudrait bien sortir et vous qu’est ce que vous faîtes ici ? 

  - nous on vit ici, répond Jonathan

  - mais pourquoi ?  t’as pas de maison,  demande Linda intriguée,

  - si, notre maison est ici, on mange et on dort ici avec notre père, répond-il,

  - mais t’as pas de télé ? s’inquiète Yaniz,

  - c’est quoi la télé, interroge Cassis,

  - bon d’accord, laisses tomber, lui répond Yaniz,

  - il est où ton père, demande Linda,

  - il est allé chercher à manger, répond Cassis,

- et, tu peux  nous montrer le chemin pour sortir d’ici ? demande Yaniz

  - pas tout de suite, car il faut attendre notre père, on n’a pas le droit de sortir, dit Jonathan

  - Pourquoi t’as pas le droit de sortir ? demande Linda

  - si on sort on tombe malade mon frère et moi, dit Cassis,  on est allergique au soleil et à la lumière du jour,

  - ah oui, j’ai entendu parler d’un truc comme ça à la télé, confirme Yaniz, et si tu sors tu dois mettre une combinaison de cosmonaute.

 

Yaniz, Linda, Jonathan et Cassis discutent ensemble pour faire connaissance. Jonathan propose de manger quelque chose en attendant l’arrivée de leur père. Linda et Yaniz acceptent, ils ont très faim. Linda regarde sa montre et s’exclame :

  - Oh ! la la ! il est 20 heures, tu te rends compte, c’est pour ça qu’on a faim. Et les parents, ils doivent nous chercher, et la classe, et…

  - ne t’inquiète pas, dit doucement Cassis, en la prenant par les épaules, ça va s’arranger,

 

 Après avoir grignoter des gâteaux secs, Jonathan les décide à jouer à chat en attendant leur père.

 





LE GANT

 

Le mardi à 14H30, Jérémy F est impatient de retrouver ses camarades non pas pour le goûter mais pour savoir s’ils ont trouvé quelque chose.

 

Petit à petit tout le monde arrive, accueilli par Nadia, la tante de Jérémy F, heureuse de voir que son neveu a beaucoup d’amis. Nous nous installons et Elias prend la parole :

  - qui a trouvé quelque chose sur ce souterrain ? 

Les internautes avouent qu’ils sont bredouilles. Ils ont trouvé des informations sur l’église mais rien sur un souterrain ou même une existence légendaire de ce souterrain.

  - alors comment ça c’est passé pour entrer dans l’église ?  demande Valentine à l’équipe des photographes,

  - Aucun problème, dit Yassine,  on a fait exactement ce que nous a dit Laura en passant par derrière. Ni vu ni connu,

  - génial !  s’exclame Guillaume.

 - on est plus fort que les flics ! ouais, ouais, ouais, dit Mehdi.

 

 L’équipe de la mairie déverse sur la table un monceau de documents. Ils se regardent les uns et les autres : la lecture c’est pas génial !

 

Nous essayons de décrypter toutes ces informations, mais on ne lit que des descriptions de l’église. Si la maîtresse nous voyait lire autant de documentation sur l’histoire de Montreuil et de son église, elle en serait bluffée !!!

  - et si on regardait d’abord les photos, dit Bastienne, au grand soulagement de tous.

  - elle a raison, dit Mélusine,  après on lira.

Nous sommes tous d’accord. Bastienne et Yassine étalent les photos et sérieusement nous commençons à examiner chaque photo.

  - t’as vu,  dit Margaux  à Jérémy R,  on voit bien le style gothique de l’église,

  - tu vas pas jouer à la maîtresse, lui répond-il,

  - les vitraux sont magnifiques,  dit Amandine

  - oh ! t’as vu la girouette, je ne l’avais jamais remarquée avant,  dit Laura qui habite à coté de l’église.

Après une heure d’attention intense, un cri retentit.

  - c’est là,  s’écrit Aude

On se précipite sur sa photo pensant qu’elle a trouvé l’entrée du souterrain.

  - c’est quoi ça, dit Nicolas D,  on voit juste des pierres,

  - mais non, dit Aude énervée,  regarde bien ça  insiste-t-elle, en montrant du doigt une pierre,

  - ben quoi, il y a une petite tâche sur la pierre, lui répond Nicolas D,

  - Décidément  tu ne veux pas voir, dit-elle,  je suis sûre que c’est le gant de Linda.

 

Brusquement nous nous taisons et nous la regardons, comme si elle descendait d’une autre planète. Nous tombons tous d’accord, Aude a raison : c’est le gant de Linda !  Il semble coincé entre deux pierres.

Alors ! cela veut dire que l’entrée est là.

Mais comment faire pour expliquer aux parents ce que l’on a trouvé ?

Comme d’habitude, ils vont nous dire qu’on a trop d’imagination, que l’on est trop jeune pour s’occuper de cela et qu’il faut laisser faire les grands et notamment la police.

Il n’en est pas question. On va agir.

Comment ?

  - j’ai une idée, dit Virginie,

  - vas-y, on t’écoute,  lui dit Jürgen,

  - ben voilà, on va à l’église et on essaie de trouver l’entrée du souterrain par rapport au gant en appuyant sur toutes les pierres, dit-elle sans trop y croire,

  - d’accord, mais on ne peut pas tous y aller, on va se faire repérer, répond Jürgen,

  - je propose qu’on y aille à quatre, dit Thomas,

  - bien ! Thomas, dit Aude,

  - ok , dit Frédéric,  je propose d’y aller avec Jeoffrey, Mickael et Thomas. 

 

C’est décidé, les voilà prêts à partir. Armés d’un téléphone portable, de lampes de poche, de petits canifs, ils partent pour l’église.





 



LE MONSTRE

 

 

Yaniz, Linda, Jonathan et Cassis jouent à chat, heureux comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. Ils courent dans tous les sens en s’interpellant gaiement.

  - Aie ! Aie ! crie une voix rauque, et puissante suivie d’un long sifflement.

 

Yaniz et Linda se figent sur place, alors que Jonathan et Cassis sautent de joie et se précipitent du coté de Yaniz qui ne comprend rien et s’écrient :

  - c’est papa ! super !

  - Tu vas lever ton pied SSSS, hurle la voix sifflante dans les oreilles de Yaniz.

 

Pris de panique, il fait un bond en avant et s’arrête net comme paralysé.

Jonathan prend le bras de Yaniz et de Linda et leur présente son père.

Ils ne peuvent pas s’empêcher de crier de stupeur en voyant le père.

Ils se trouvent devant une drôle de créature, moitié humaine, moitié monstre.

Les yeux bleus et jaunes, les cheveux ébouriffés, noirs parsemés de quelques cheveux blancs, un nez en porte-manteau, une bouche normale assez large, des oreilles de lutin. Il est grand, et paraît musclé. On distingue des griffes au bout de ses doigts.

Mais le plus extraordinaire se passe derrière lui. Une queue longue de Marsupilami semble être attachée à son corps.

 

Yaniz et Linda sont sidérés, les yeux exorbités , la bouche grande ouverte, ils ne comprennent pas ce qu’ils voient. Jonathan et Cassis sautent au cou de ce monstre en riant.

  - qu’est-ce qu’il SSSe paSSSe ici ?  dit le monstre d’une voix sifflante comme celle d’un serpent,

  - c’est Yaniz et Linda, dit Jonathan,  ils sont sortis de l’église par la dalle et sont perdus, 

  - je n’aime pas SSSSça, lui répond son père,  il faut qu’ils partent SSSS, en plus ils marchent sur ma queue.

Yaniz et Linda sont tout à fait d’accord pour partir car ils ont peur de cet homme même s’il ne paraît pas méchant.

  - Mais papa ! ils peuvent rester un peu, s’il te plait, on voit jamais personne, implore Jonathan,

  - non !, je vais d’abord SSSS obturer définitivement SSSScette SSSSortie de l’église et enSSSuite ils SSSS’en vont, répond le père qui s’éloigne tranquillement.

  - pourquoi on peut pas repartir par l’église,  demande Yaniz à Jonathan,

  - c’est pas possible car on peut entrer dans le souterrain mais on ne peut pas ressortir par là, lui répond-il,

  - mais par où on va sortir ?  demande Linda,

  - mon père connaît une autre sortie mais il faut pas le dire, lui dit Cassis.

 

Intrigués, mais rassurés par la gentillesse de Jonathan et Cassis, Linda et Yaniz attendent tranquillement le retour du père.

 

 



LA DALLE

 

 

Arrivés dans l’église, Frédéric, Jeoffrey, Mickael et Thomas mettent au point une stratégie.

Frédéric et Jeoffrey sont désignés pour entrer dans le souterrain dès qu’ils auront trouvé l’entrée. Pendant ce temps Mickael et Thomas seront chargés de prévenir les parents et la police que leurs camarades sont allés à la recherche de Yaniz et Linda.

Ils sont devant la dalle qui laisse apparaître un bout du gant de Linda.

Ils ont un petit nœud dans l’estomac, car le moment décisif est arrivé. Que vont-ils trouver derrière ?

Peut-être que c’est un trou noir et profond dont ils ne reviendront jamais ?

Que va-t-il leur arriver ?

Peut-être que quelqu’un les attend derrière pour les tuer ?

Mais le fait de penser à Linda et Yaniz leur redonne du courage et ils s’appuient ensemble fortement contre cette dalle et sont projetés de l’autre côté.

Mickael et Thomas poussent un cri de stupeur et sont interloqués en les voyant disparaître.

Ils avaient pourtant imaginé que cela se passerait ainsi, mais le voir de leurs propres yeux, c’est trop !!

Voir leurs deux camarades appuyés contre la paroi et brusquement être happés par celle-ci et disparaître, ils n’en croient pas leurs yeux !!!

Après avoir repris leurs esprits, ils appellent leurs parents pour leur dire que Frédéric et Jeoffrey ont disparus à leur tour dans un mur de l’église pour aller retrouver Yaniz et LInda.

Comme ils s’y attendaient, les parents ne sont pas très heureux d’apprendre tout cela mais se chargent tout de même d’informer la police et leurs demandent de rentrer à la maison.

Avant de rentrer chez eux, Mickael et Thomas retournent en vitesse chez la tante de Jérémy F pour informer leurs camarades.

A peine arrivés, ils sont pressés de questions :

  - alors ? alors ? racontez, dit Nicolas L,

  - comment ça s’est passé ? demande Guillaume,

  - allez vite, vite on veut tout savoir, s’impatiente Emeline.

Ils racontent dans le moindre détail tout ce qu’ils ont fait et surtout la disparition brutale de Frédéric et Jeoffrey.

 

Maintenant ils sont tous très inquiets, tout d’abord pour Yaniz et Linda mais aussi pour Frédéric et Jeoffrey.

Malgré cette inquiétude partagée, ils sont optimistes. En effet, ils sont sûrs que les liens qui les unissent ne peuvent que les rendre invincibles.

 

 

 



2 + 2 = 4

 

 

Frédéric et Jeoffrey, légèrement étourdis, reprennent leurs esprits, allument leurs lampes de poche pour essayer de voir où ils se trouvent .

  - tu crois qu’on a bien fait, interroge Jeoffrey  pas très rassuré,

  - non, mais maintenant qu’on est là, il faut y aller, point barre, répond Frédéric.

  - et si on appelait Buffy, dit Jeoffrey

  - ha !ha !ha, répond Frédéric d’un rire forcé, très drôle.

Ils avancent donc pas à pas à la lumière de leurs lampes, ils ont l’impression d’être six pieds sous terre.

Tout d’un coup Jeoffrey saisit le bras de Frédéric :

  - regarde, il y a une ombre qui s’avance vers nous, dit Jeoffrey,

  - Ouais, c’est ça, continue à faire l’intéressant, dit Frédéric qui commençait à en avoir marre de ses blagues à 10 balles,

  - Mais, je ne rigole pas ! regarde ! insiste Jeoffrey,

  - Oh ! Merde, t’as raison, vite, éteignons nos lampes, dit Frédéric,

Ils se serrent l’un contre l’autre et attendent  en respirant le plus doucement possible.

Brusquement, ils se sentent saisis et soulevés de terre. Ils n’ont pas le temps de crier, ils ferment les yeux et se retrouvent emportés par quelqu’un qui avance à grandes enjambées.

Lorsqu’ils sentent que leurs pieds touchent enfin le sol, ils ouvrent les yeux et semblent apercevoir Yaniz et Linda en compagnie de deux autres enfants.

Ils courent vers eux, comme pour se mettre à l’abri.

  - hé ! Frédéric, Jeoffrey, qu’est-ce que vous faîtes là ?  s’étonne Yaniz en voyant ses copains arriver,

  - vite, vite, il faut courir, il va nous rattraper, dit Frédéric apeuré,

  - mais non, t’inquiète, on le connaît c’est le père de Jonathan et Cassis,  lui répond tranquillement Yaniz,

  - moi je ne comprends plus rien,  dit Frédéric, tu es là tranquille pendant que tout le monde s’inquiète.

  - rassure toi, dit doucement Cassis,  mon père n’est pas méchant, il veut juste nous protéger de l’extérieur,

  - oui, d’accord, il n’est pas méchant mais il ressemble quand même à un monstre !  dit Yaniz,

  - à un monstre !!!!  s’exclame Jeoffrey,  tu rigoles,

  - non, c’est vrai, renchérit Linda,

  - ah bon ! et qu’est ce qu’on fait maintenant ?  demande Jeoffrey en essayant de ne pas trembler,

  - mon père est allé fermer l’entrée du souterrain par l’église et ensuite il va vous ramener vers une autre sortie, explique Jonathan.

 

Ils attendent donc patiemment le retour du père en espérant que ce qu’a dit Jonathan est la vérité.

 

 



OU EST LA SORTIE ?

 

 

Les pas lourds du père se font entendre et, malgré eux, la frayeur saisit nos quatre disparus surtout Frédéric et Jeoffrey qui sont effrayés à la vue de ce monstre.

  - Jonathan, Cassis..SSSS !, allez me chercher….SSSS ! des morceaux…SSSSSS ! de tissus…SSSS !  dit le père dans un sifflement de serpent ,

  - pour faire quoi ?  demande Cassis,

  - je vais leur…SSS ! bander les yeux..SSS ! pour sortir du souterrain…SSSSS ! pour que personne…SSSS ! ne puisse retrouver..SSS ! le chemin, dit le père.

 

Jonathan et Cassis reviennent avec des lambeaux de tissus qu’ils tendent à leur père.

La tête baissée, ils sont tristes, ils n’osent plus rien dire.

  - vous inquiétez pas, dit Yaniz avec un petit tremblement dans la voix,  on s’arrangera pour revenir, hein ?  dit-il en s’adressant à Frédéric Jeoffrey et Linda,

  - mon père ne voudra jamais, dit Jonathan au bord des larmes,

  - il peut changer d’avis, dit Linda sans trop y croire.

 

Linda et Cassis se prennent dans les bras en pleurant. Elles savent très bien qu’elles ne se reverront plus.

 

Le père s’impatiente et s’avance vers les enfants pour leur bander les yeux et leur demander de tenir sa longue queue de Marsupilami pour les guider

Les yeux bandés, Linda, Yaniz, Frédéric et Jeoffrey se sentant tirés par cette queue , avancent guidés par le père de Jonathan et Cassis.

C’est le moment de la séparation et les enfants sont tristes, même nos quatre disparus malgré leur désir de retrouver leurs familles. 

 

Après avoir marché et tourné pendant au moins une heure, le monstre leur demande de s’arrêter.

  - vous ne bougez pas…SSS ! pendant cinq minutes…SSS ! puis vous pourrez enlever vos bandeaux…SSSS ! vous continuerez tout droit…SSS ! et vous serez dans une station…SSS ! de métro…SSS ! J’espère ne plus jamais vous revoir…SSS !  leur dit le monstre.

 

Ils l’entendent s’éloigner, puis plus rien, plus de bruit, ils sont seuls, les yeux bandés, ils ont peurs.

Figés sur place, ils attendent sans rien dire. Au bout d’un long moment, Jeoffrey enlève son bandeau le premier suivi par les trois autres.

  - il faut qu’on aille tout droit, a dit le monstre, dit Linda qui ne supportait plus ce silence.

 

Et les voilà partis, à la lumière de leurs lampes de poche, comme des somnambules vers la liberté.

Ils avancent et se trouvent nez à nez devant une porte. Ils arrivent à l’ouvrir sans trop de difficultés et se retrouvent dans un couloir.

Au bout de ce long couloir balayé par les lampes de poche ils arrivent dans une station de métro. Ils dirigent leurs lampes vers le haut  et découvrent qu’ils sont à la station Château de Vincennes.


 

 



DANS LA STATION DE METRO

 

 

Ils sont seuls, il n’y a personne.

 

  - tu vois, dit Jeoffrey à Frédéric, le souterrain entre l’église et le château de Vincennes existe bien ! c’est pas seulement une légende,

  - c’est bizarre c’est tout noir, dit Yaniz,

  -  t’as vu l’heure ? dit Jeoffrey en regardant sa montre,  il est cinq heures du matin, le métro n’est pas encore ouvert. 

Frédéric met la main à sa poche, pour prendre son portable, un morceau de papier tombe par terre.

  - regarde, tu as fait tomber quelque chose, lui dit Linda,

  - c’est pas à moi ça, lui répond Frédéric indifférent,

  - peut être, mais c’est tombé de ta poche, insiste Linda, elle ramasse le papier et le lui tend.

Frédéric se saisit du morceau de papier, plié en quatre, et le déplie pour voir ce qu’il en est.

  - qu’est ce que c’est, demande Yaniz,

  - ché pas ! on dirait un plan, dit-il en le tournant dans tous les sens,

  - montre, dit Jeoffrey qui examine à son tour ce plan énigmatique,

  - c’est bizarre, il n’y a rien de marqué, dit Frédéric qui ne comprend toujours pas comment ce papier, qu’il ne connaît pas, a atterri dans sa poche,

  - oh ! super, s’écrie Yaniz éclatant de rire devant ses camarades interloqués, je suis sûr que c’est Jonathan,

  - comment ça Jonathan ? dit Linda,

  - c’est simple, il veut qu’on puisse le retrouver pour revenir le voir, dit Yaniz persuadé qu’il a trouvé l’explication,

  - peut être, dit Frédéric, mais si tu arrives à comprendre ce plan sans indication : Bravo ! mais c’est pas gagné.

  - Bon, allez, s’impatiente Jeoffrey, Frédéric tu appelles les parents, on s’occupera de ce plan plus tard.

Frédéric se saisit donc de son portable pour les appeler et leur demander de venir les chercher à la station de métro. Bien sûr, les parents de Yaniz, Linda et Jeoffrey seront aussi prévenus.

Malheureusement, il s’aperçoit qu’il n’y a plus de batterie.

  - c’est malin, dit Jeoffrey, tu aurais pu vérifier avant de partir que ton téléphone marchait.

  - puisque tu es si malin, lui répond Frédéric agacé, t’avais qu’à prendre le tien.

  - cool, cool, dit Yaniz, on va pas s’engueuler pour un téléphone, allez Linda, chantes-nous une chanson !

  - t’es malade Yaniz, il faut te faire soigner, lui répond Linda en haussant les épaules,

  - oh! la la, je rigoooole,  lui répond Yaniz la bouche grande ouverte, tu vas pas en faire un chichi. 

 

Déçus, ils doivent attendre l’ouverture du métro pour demander de l’aide à quelqu’un.

Fatigués, ils se dirigent, en file indienne, à la lumière des deux lampes de poche, vers des sièges pour se reposer.

Quand, tout à coup, Jeoffrey, qui ouvrait la marche, s’arrête net.

 

  - qu’est-ce que tu fais ? s’exclame Frédéric manquant de lui rentrer dedans.

Jeoffrey est paralysé de peur devant la découverte, à la lumière de la lampe, d’une masse informe, recouverte d’une couverture.

 

  - alors, tu réponds ? s’énerve Frédéric qui s’avance à sa hauteur pour voir ce qui empêche son camarade d’avancer.

A son tour, il est saisi, par la surprise puis par l’odeur mais réagit très vite, en s’exclamant :

  - ben quoi ! c’est un clodo, dit Frédéric, trouvant ça tout à fait normal dans le métro,

  - vite, il vaut mieux aller plus loin, dit Linda, on ne sait jamais, il a peut-être bu et pourrait être méchant,

   - T’inquiète, il dort, il ne nous fera rien, il doit cuver son vin, dit Yaniz très informé,

  - peut être, dit Linda, mais j’ai peur quand même.

Tout à coup, une voix rocailleuse sort de dessous la couverture.

  - je suis pas un clodo, d’abord, mais un S.D.F., s’il vous plait « maossieur », et il se rendort dans un ronflement très bruyant.

  - Bon, allez, venez on va plus loin, dit Jeoffrey à peine rassuré, on sera plus tranquille.

 

Ils s’éloignent le plus possible du clodo, pardon, du S.D.F. et s’assoient.

Ils doivent attendre encore une heure au moins avant que la station du métro soit éclairée et que les grilles soient levées pour qu’ils puissent sortir.

Ils sont fatigués, mais la présence du S.D.F., les inquiète et les empêche de s’endormir. Ils restent sur le qui-vive, attentifs aux moindres bruits. Ils sont mal à l’aise, ça sent mauvais, ils ont des frissons car il y a des courants d’air.

Dès qu’ils entendent des bruits,  Frédéric et Jeoffrey dirigent leurs lampes, allumées en permanence, en direction des bruits.

  - oh ! non, c’est pas vrai, s’écrie Jeoffrey, ma lampe s’éteint,

  - oh ! non !, s’écrient en cœur Yaniz et Linda qui voient décliner la lampe de Frédéric.

Un vent de panique commençait à souffler quand, miracle, la station s’éclaire. Un cri de joie de tous les quatre résonne dans la station.

Ils clignent des paupières car la lumière leur fait mal aux yeux après tout ce temps passé dans l’obscurité.

Ils savent très bien que c’est maintenant que les choses compliquées commencent.

En effet, comment vont-ils expliquer qu’ils sont tombés dans un souterrain par l’église, alors que celui-ci a été condamné par le père de Jonathan et de Cassis ?

Comment vont-ils expliquer l’existence de deux enfants dans le souterrain ?

Et le bouquet c’est le père, personne ne les croira quand ils diront qu’il ressemble à un monstre avec une longue queue de Marsupilami.

On entend déjà ce que vont dire les parents après les embrassades lors des retrouvailles :

  « vous avez trop d’imagination ! »

  « qu’est ce que vous êtes encore allés inventer ? »

  « vous êtes capables de dire n’importe quoi pour vous rendre intéressant !! »

 

Brusquement, Frédéric se lève et fait face à ses trois camarades, les mains dans les poches, l’air contrarié.

  - au fait, qu’est-ce qu’on dit en sortant si on nous interroge ?

  - ben, on dit qu’on avait disparus, dit Linda,

  - oui, mais est-ce qu’on parle de Jonathan, Cassis et de leur père ? insiste Frédéric,

- Ben, moi, mes parents, ils ne vont jamais croire ça, dit Jeoffrey,

  - moi, dit Yaniz, ils m’enferment à l’asile,

  - pourquoi ? dit Linda,

  - attends, un monstre et deux enfants qui vivent dans un souterrain et gentils avec nous, tu crois que tes parents vont avaler ça ? répond Jeoffrey,

  - bon, d’accord, mais comment on va expliquer qu’on a atterri dans un souterrain ? rétorque Linda,

  - on peut dire qu’on est tombé dans le souterrain en s’appuyant sur le mur à l’église, qu’on a marché longtemps, qu’on s’est reposé, puis Frédéric et Jeoffrey nous ont retrouvés, on a continué ensemble et on a abouti dans le métro, dit Yaniz content de lui,

  - mais la police va sûrement nous demander de leur montrer l’entrée du passage, dit Frédéric,

  - eh bien on se met d’accord pour dire qu’on se souvient plus où c’était, dit Jeoffrey.

  - OK ! s’écrient-ils tous ensemble, juré, craché, si on ment on va en enfer !

 

 

 



A L’AIR LIBRE

 

 

Ils se lèvent se sentant plus forts car liés par un pacte, ils quittent la station de métro et se dirigent vers la sortie.

Après avoir franchi les portes qui les séparaient du dehors, ils se sentent poussés par un courant d’air et reçoivent en pleine figure un grand bol d’air frais. Enfin, ils ne sentent plus cette odeur de renfermé, qui pourtant laisse place à l’odeur des pots d’échappement des voitures, des poubelles mais ces odeurs font partie de la liberté d’être dehors.

Ils sont déçus car il fait encore nuit.

Des frissons leur parcourent le dos. La tête leur tourne mais ils sont heureux, ils sont à l’air libre tous les quatre sains et saufs.

Frédéric s’approche d’un passant pour lui demander une pièce pour téléphoner en indiquant qu’ils sont perdus. Le passant les regarde les uns après les autres et continue son chemin en accélérant le pas et en secouant la tête.

  - t’as vu celui là, dit Yaniz, il est ouf ! ou il aime pas les enfants ?

   - Bon, il faut trouver autre chose, dit Frédéric,

  - et si on faisait du stop jusqu’à Montreuil ? suggère Jeoffrey,

  - on peut essayer, dit Frédéric,

  - moi, ça me fait peur, dit Linda, on peut se faire enlever,

  - mais non, après ce qu’on vient de vivre, faire du stop c’est rien, lui répond Jeoffrey.

Ils se placent au bord du trottoir en levant leurs pouces.

  - Yaniz, tu diriges ton pouce dans le mauvais sens, dit Linda en riant.

Quand, tout à coup, ils entendent une voiture freiner et s’arrêter à côté d’eux. Ils réalisent que c’est une voiture de police. Deux policiers en descendent et leur demandent :

  - qu’est-ce que vous faîtes là à cette heure si matinale ?

  - bbben, on est perdu, balbutie Yaniz pendant que Linda se met à pleurer,

  - Bon, montez tous dans la voiture, on verra tout cela au commissariat.

 

Ils s’engouffrèrent tous les quatre à l’arrière de la voiture, serrés les uns contre les autres.

Pendant le trajet, Jeoffrey explique aux policiers leur mésaventure mais il a l’impression que les policiers ne comprennent pas très bien, sauf lorsqu’il mentionne l’église St Pierre St Paul et l’école Fidélis à Montreuil. Un des policiers baisse le pare-soleil de la voiture et en retire une photo, il tourne la tête en direction des enfants, puis regarde la photo et s’exclame :

  - Ce sont les deux disparus de Montreuil accompagnés de deux autres !

Les enfants sont soulagés et rassurés d’avoir été reconnus.

  - on va directement au commissariat de Montreuil, dit le policier au volant, tu les préviens par radio pour qu’ils avertissent les parents des gosses.


 



RETROUVAILLES

 

 

A quelques mètres du commissariat de Montreuil, nos quatre disparus aperçoivent les visages familiers de leurs familles.

A peine sortis du véhicule de police, ils sautent dans les bras des parents en pleurs, mais heureux.

Ils rentrent chacun de leur coté avec leurs familles, après avoir fait leur déposition au commissariat et en s’en tenant à ce qu’ils avaient convenu dans le métro.

 

Le Jeudi matin suivant est un jour particulier pour nos quatre disparus. En effet, Christel et toute la classe organisent une fête pour leur retour.

Emportés par un tourbillon de questions, ils ont le vertige, sauf Yaniz, qui, comme à son habitude, joue la vedette, c’est tout juste s’il ne signe pas des autographes.

Christel nous accueille avec un large sourire car nous sommes au complet et nous allons pouvoir faire la fête.

 

Personne ne connaîtra la vérité, car les adultes n’y  auraient pas crus mais, ce n’est pas grave, car nous, les copains de la classe, on y croit, parce qu’ils l’ont vécus et c’est ça le plus important.

 

Maintenant nous savons que nous sommes trente élèves solidaires pour d’autres aventures...

 

 

 

 

Et si les légendes devenaient REALITE ?